CV et médias sociaux : les nouvelles règles

Publié le par Stéphanie Fougeras

 

Ajouter une pièce jointe, cliquer, c'est envoyé... Internet puis le web 2.0 avec les réseaux sociaux, ont révolutionné la façon de présenter sa candidature, reléguant le CV manuscrit et l'enveloppe timbrée au rang de curiosités.

Sur le fond, peu de bouleversements à l'horizon : les recruteurs recherchent une photographie claire et fidèle du parcours du candidat.

Sur la forme, les choses ont un peu plus bougé car le curriculum vitae s'est offert une nouvelle jeunesse pour s'adapter aux attentes de recruteurs de plus en plus sollicités. Du bon usage des réseaux sociaux au casse-tête de la rubrique "divers" en passant par la question de la photo... voici les nouvelles tendances d'un CV qui ne passera pas à la poubelle en 2013.

 

Publier son CV sur les réseaux sociaux : Contrairement à une CVthèque classique, publier son CV sur un réseau social professionnel offre la possibilité de le réactualiser avec beaucoup plus de réactivité. "Le fait d'avoir plusieurs versions de CV, en PDF ou Word, et sur Viadeo et LinkedIn impose une certaine cohérence et unité dans la description du parcours professionnel. Ces réseaux professionnels, qui ont des structures de CV chronologiques, très découpées, permettent une photographie rapide et immédiate du parcours professionnel. C'est exactement l'exemple à suivre pour rédiger le CV que l'on enverra par email", assure Martin Villelongue, directeur chez le cabinet de recrutement Michael Page.

 

Bien gérer ses réseaux sur la toile : Non, le fait de ne pas appartenir à des réseaux professionnels tels que LinkedIn ou Viadeo n'est pas éliminatoire. Bien au contraire, les recruteurs préfèrent qu'un candidat joue la carte de la discrétion plutôt que d'afficher sa e-réputation à renforts de photos ou commentaires compromettants. En revanche, la mention de son appartenance à des réseaux sociaux sur son CV a un vrai sens lorsque celle-ci témoigne d'une certaine activité de réseautage professionnel sur des forums, groupes de discussion et veilles spécialisés. Attention de ne pas en faire trop cependant. "Avoir une activité trop soutenue sur les réseaux sociaux peut aussi desservir", estime Fabrice Coudray, directeur chez le cabinet de recrutement Robert Half International France. A force de réagir à tout et n'importe quel sujet, on donne l'impression qu'on est dans le réflexe de survie et on perd en pertinence."

 

Oser la présentation vidéo : Pourquoi ne pas insérer votre présentation sous la forme d'un clip vidéo ? C'est d'actualité. Les plateformes de réseaux sociaux professionnels cassent les codes de la rencontre entre candidat et recruteur, permettant une approche beaucoup plus spontanée et moins formelle.

"La vidéo apporte beaucoup d'informations sur la communication gestuelle, sur l'attitude et la personnalité du candidat. Concrètement, cela fait partie des éléments qui peuvent peser dans la décision de proposer un entretien à un candidat", assure Isabelle Bernard, directrice de développement RH pour la France chez SGS, spécialiste de l'inspection, du contrôle, de l'analyse et de la certification.

 

La photo, utile mais pas indispensable : De nombreuses annonces préconisent d'envoyer un CV avec photo. Pourtant cet impératif très ancré il y a quelques années laisse peu à peu la place à des candidatures neutres qui élimineraient toute source potentielle de discrimination. En clair, si la photo peut s'avérer utile, elle n'est indispensable.

"Cela peut permettre à un consultant de cabinet de recrutement de visualiser un candidat qu'il aurait déjà reçu en entretien", précise Fabrice Coudray, qui rappelle que quitte à insérer une photo, "autant qu'elle soit à votre avantage". Donc pas de photo qui laisserait entrevoir un profond décolleté ou le décor de vos dernières vacances...

 

Une rubrique "divers" digne de ce nom : Reléguée à la toute fin du CV, la rubrique "divers" pèche souvent par sa banalité. Les recruteurs n'en peuvent plus de voir les expos, le cinéma et la lecture arriver en tête des hobbies préférés des candidats. "On n'écrit pas qu'on aime la cuisine lorsqu'il s'agit juste de se faire à manger le soir !", souligne Fabrice Coudray.

Les vraies passions peuvent en tout cas donner des indices sur la créativité, l'esprit d'équipe ou la capacité d'un candidat à gérer des projets. En clair, on mentionne son dernier trek de 6 semaines en montagne plutôt qu'un stage de catamaran effectué dans un club de vacances. De manière générale, les loisirs justifient d'un bon équilibre de vie. "Cela montre que vous savez vous détendre pour mieux revenir au bureau avec le sourire !", assure ce recruteur.

 

Faire l'impasse sur une adresse rédhibitoire : C'est une réalité : une adresse dans une ville qui a mauvaise presse peut être discriminant tout comme le fait d'indiquer que l'on habite à plus d'une heure en transport du lieu de travail. Pour mettre toutes les chances de son côté, certains recruteurs conseillent de... ne rien mettre du tout, en particulier lorsque l'annonce concerne un poste de non-cadres, a fortiori dans un emploi temporaire.

Ce n'est pas un mensonge, juste une omission qui vous aidera à passer l'étape de l'écrémage. "Rien ne vous empêche ensuite d'en discuter avec l'employeur lors de l'entretien. Certains candidats n'ont pas de problème par exemple avec le fait de résider loin, notamment parce qu'ils peuvent avoir un pied-à-terre à proximité du lieu de travail", explique Fabrice Coudray.

 

Etre fier de ses expériences passées : Si les multinationales cotées au Cac 40 ne sont plus à présenter, les petites et moyennes entreprises sont pour l'immense majorité d'entre elles inconnues au bataillon des employeurs.

Par conséquent, Fabrice Coudray regrette que "les candidats ne donnent pas assez d'éléments sur l'identité des entreprises pour lesquelles ils ont travaillé. C'est intéressant pour nous de connaître la taille, le secteur et le chiffre d'affaire des sociétés. Par la même occasion, cela montre qu'on éprouve une certaine fierté d'avoir travaillé à tel ou tel endroit", explique-t-il.

 

Jouer avec les polices de caractères : C'est un fait : les carrières sont de moins en moins linéaires et les expériences professionnelles démultipliées, notamment sous l'effet du zapping professionnel.

Dès lors, la densité des informations à caser complique l'exigence de clarté voulue par tous les recruteurs. Ceux-ci apprécient donc qu'on leur facilite la lecture d'un CV en jouant sur la taille des polices de caractère, que l'on choisira classiques (Arial, Tahoma, Calibri, Times New Roman), et en les agrémentant d'un peu de gras et d'italique. Elles permettront de bien identifier en un seul coup d'œil les sociétés côtoyées, les fonctions occupées et les réalisations effectuées.

 

Attention à l'originalité mal dosée : Si un CV flashy et sophistiqué peut s'apparenter à une carte de visite appréciée dans certains milieux du design, de la publicité et de la communication, dans la plupart des autres secteurs, les recruteurs ne jurent que par la sobriété, tout au plus relevée de quelques touches de couleurs discrètes.

"On constate un retour à des présentations standards, car ce qui est accrocheur en définitive, ce ne doit pas être la forme, mais le fond", rappelle Martin Villelongue, directeur chez Michael Page. L'originalité ne doit pas être une fin en soi", assure-t-Il.

 

Les liens hypertextes pour aller plus loin : Comment entrer dans les détails de votre vie professionnelle sans endormir votre interlocuteur ? Tout simplement en ayant le réflexe d'insérer des liens hypertextes sur vos expériences et réalisations clés au moment de la rédaction sur un traitement de texte.

"Ils permettent de creuser les informations mentionnées en invitant par exemple le recruteur à aller sur le site d'une ancienne société, à consulter vos projets et réalisations passés. C'est indispensable lorsqu'on ne peut pas faire tenir son expérience en une page en plus d'être un outil simple pour se mettre en valeur", explique Isabelle Bernard.

 

Le réflexe "mots clés" : Les recruteurs raffolent des mots clés et phrases bien faites qui claquent à la vue. Débordés et pressés, ils veulent aller à l'essentiel, d'où la nécessité de leur faciliter la tâche en les amenant là où ils veulent aller. "Les compétences et logiciels demandés, ce qui va forcément être abordé en entretien, doit ainsi être clairement identifié par un mot-clé dans une rubrique et mis en valeur, par du gras par exemple", conseille Isabelle Bernard.

L'intérêt n'est pas seulement visuel. De plus en plus de sociétés utilisent en effet des logiciels qui traitent automatiquement les candidatures via des mots-clés. Quand les CV ne sont pas utilisés, ils peuvent également être stockés dans une base de données, exploitable là encore par des recherches de mots-clés.

 

La web-conférences, l'outil qui fait mouche : Si le numéro de téléphone et l'adresse email restent les moyens privilégiés pour un recruteur de vous contacter, il ne faut pas négliger l'aspect pratique des applications de visioconférence, qui rapprochent un peu plus employeur et candidat.

"Les candidats équipés de plateformes de visioconférence tels que Skype doivent le préciser sur leur CV", assure Isabelle Bernard. "C'est un bon moyen pour faire connaissance très vite. Le recruteur peut ainsi engager un premier dialogue sans la lourdeur de la prise de rendez-vous et les difficultés de caler les agendas", explique-t-elle.

 

Des chiffres et des faits : Si le CV est le meilleur outil pour se vendre, attention de ne pas tomber dans le piège du marketing grossier. En faire des tonnes en mentionnant que l'on est une personne volontaire et créative n'en dit pas plus sur votre capacité à mettre en œuvre les compétences demandées.

Les recruteurs préfèrent les éléments factuels aux marques de subjectivité. "Le registre des traits de personnalité s'évalue en entretien, pas sur un CV", rappelle Martin Villelongue. Des chiffres (sur vos objectifs), des dates, des réalisations, des responsabilités-clés, voilà ce que veulent lire les recruteurs avant tout.

 

L'art de raconter sa sucess story : Ce recruteur est catégorique : "avec le CV, nous sommes passés d'une notice technique, façon réclame des années 50, à un outil marketing qui doit permettre à un recruteur de se décider très vite", explique Fabrice Coudray. Il est donc inutile de vouloir tout détailler au risque de décourager le recruteur.

"Quelle que soit la fonction visée, vous devez être capable en une ou deux phrases pour chaque expérience de raconter votre "success story", c'est-à-dire votre capacité à mener et réaliser des projets". Rien n'empêche par ailleurs au candidat de présenter lors de l'entretien un CV plus fourni sur 2 ou 3 pages, ajoute-t-il.

 

Et garder à l'esprit que les CV changent, pas les recruteurs : Les modes passent mais les vieux principes, eux, n'ont pas changé depuis 30 ans : "Les recruteurs n'ont que quelques secondes à consacrer à la lecture d'un CV", rappelle Fabrice Coudray. S'ils froncent le sourcil en le parcourant, c'est mauvais signe".

Evitez donc la complexité et la densité pour une mise en page légère et synthétique. Vous avez travaillé chez 25 clients pour le compte d'une SSII ? Regroupez ces expériences sous l'intitulé d'une expertise technique plus parlante. Et surtout, restez fidèle à votre parcours professionnel et bannissez mensonges et exagérations qui finissent toujours par vous trahir.

Publié dans Recherche d'emploi

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article